INTÉGRATION DES FEMMES IMMIGRANTES EN EMPLOI : Conseils pour les employeurs

14 janvier 2019

Le 7 novembre dernier, le Centre d’intégration au marché de l’emploi, en collaboration avec Sherbrooke Innopole, organisait un panel de discussion sur la Diversité en emploi, plus précisément sur l’intégration des femmes immigrantes en emploi.

Les panélistes ont discuté, entre autres, des obstacles rencontrés par les femmes immigrantes dans leur processus de recherche d’emploi, des pistes de solutions pour favoriser leur intégration, des avantages de la mixité et de la diversité dans les équipes de travail. Nos spécialistes ont fait part de leurs expériences et ont formulé de nombreux conseils pratiques. (*Si vous êtes une chercheuse d’emploi ou une nouvelle employée, consultez les conseils qui vous sont destinés dans cet autre billet de blogue.) 

Les panélistes étaient (de gauche à droite) :

 

Vous êtes un employeur qui embauche ou désire embaucher des femmes, ou des personnes immigrantes? Voici 5 conseils de nos panélistes :

Conseil 1 : Respectez les compétences des candidat.e.s

Que ce soit en institutions d’enseignement ou aux ressources humaines d’une entreprise, respectez les compétences et la formation de la personne en recherche d’emploi. Nadège Bardiot, arrivée de France il y a presque 10 ans, en témoignait : « Je me suis déjà fait dire par des ressources humaines que mon diplôme ne valait rien. Et ça, ça fait mal, ça fait très mal. Moi j’ai fait 5 ans d’université et ça ne vaut rien. » Parfois, simplement le choix des mots peut avoir un impact. Il y a aussi moyen de transférer les compétences de vos employé.e.s afin qu’ils et elles s’adaptent à votre organisation ou à un autre poste au sein de la même entreprise. Pour avoir plus de détails, faites appel aux conseillères du CIME, elles pourront vous guider dans cette démarche.

Conseil 2 : Intégrez vos employé.e.s

L’équilibre entre formel et informel

« Le processus d’accueil est valable pour tout le monde. Pas seulement pour une femme, ni seulement pour une femme immigrante; pour tout nouveau membre du personnel, soulignait Joana Méthot, agente de milieu et conseillère en emploi au CIME. Se faire ‘’garocher’’ au jour 1 avec rien, personne ne veut ça. Il doit y avoir un minimum d’intégration qui se fasse. » « Extrêmement important, seconde Daniel Beauregard, responsable RH chez Sherbrooke OEM. Et à tous les niveaux : technique aussi. Et il faut présenter les autres collègues de travail, c’est la différence entre garder son employée ou non. » N’hésitez pas à organiser une activité ou un dîner pour accueillir votre nouvel.le employé.e. Vous apprendrez à mieux le ou la connaître et c’est un bon moyen de faciliter son intégration dans l’équipe, il ou elle se sentira accueillie et bienvenue. Il ne faut pas négliger ces petits gestes qui font toute la différence.

Le psychologue organisationnel Benoît Côté expliquait que le « défi de la compréhension du rôle, des tâches, des attentes » prend une grande place lors de l’arrivée dans un nouvel emploi. Il a aussi mis l’accent sur l’importance pour les nouvelles personnes en poste de comprendre la « culture de l’organisation, les valeurs, la structure, les règles formelles et aussi les règles informelles, les influences… », afin d’avoir une appartenance, un investissement et le désir de demeurer dans l’organisation. Employeurs, soutenez vos employé.e.s dans cet apprentissage!

Le réseau

M. Côté renchérit avec des recommandations concrètes : « Une opportunité de mentorat ou de jumelage, à qui les nouveaux employés peuvent poser leurs questions? C’est un bon réflexe. Parfois ça peut être intimidant de poser ses questions à quelqu’un qui est plus haut hiérarchiquement, mais c’est plus facile avec quelqu’un qui est du même niveau hiérarchique. Gestionnaires, soyez vigilants. S’il y a des défis de communications ou des incompréhensions culturelles, peut-être qu’il y a des embûches que l’organisation pourrait prévenir afin de s’assurer que l’employé.e développe un réseau informel entre collègues. »

Parfois, les employeurs, les équipes de ressources humaines et les collègues doivent donner un coup de main aux nouveaux et nouvelles employé.e.s, d’autant plus si ils ou elles viennent tout juste d’emménager dans la ville, dans la province, voire dans le pays. M. Beauregard a partagé son astuce : « Mon truc, c’est que je regarde ce qu’ils ou elles font pendant les pauses : est-ce que les néo-québécois.e.s parlent aux autres ou si elles et ils sont seul.e.s? Ça peut aider à identifier si les gens s’intègrent bien ou non ».

Toujours dans la relation entre collègues, les employeurs ne devraient pas tolérer de blagues ou de propos racistes ou dévalorisants sur les autres cultures, même si l’intention de base des collègues étaient de taquiner. Comme le souligne Nadège Bardiot, qui est française d’origine, « ça peut devenir très agaçant à la longue ». Le gestionnaire doit aussi être un exemple à suivre en évitant ce genre de commentaires.

Le maintien en poste

« Ne roulez pas trop vite, recommande M. Côté, qui fait un parallèle avec la moto. Prenez votre temps avec la communication. Parfois, l’intégration de personnel est un terrain glissant, c’est plus fragile et faut pas s’attendre à ce que tout continue de rouler à 120 km/h. C’est un processus à moyen terme. Ça n’arrive pas du jour au lendemain, et parfois c’est circulaire. Il faut faire preuve de patience, autant comme employeur que comme employé.e. » Il précise que ça peut même aller jusqu’à deux ans avant qu’un.e nouvel.le employé.e soit pleinement intégré.e.

Afin de vous assurer une intégration réussie et un maintien du personnel en poste, le CIME offre des services aux employées et aux employeurs, dont l’accompagnement au maintien en emploi. Ce service gratuit permet des rencontres tripartites incluant l’employée, le gestionnaire et une conseillère en aide à l’emploi du CIME.

CONSEIL 3 : Facilitez la conciliation travail-vie personnelle

Il est largement prouvé que les femmes occupent un plus grand rôle dans la cellule familiale en ce qui a trait à la conciliation famille-travail. Les employeurs doivent être compréhensifs et établir des mesures de conciliation famille-études-travail-proche aidance adaptées. La conciliation entre le travail et la vie personnelle entraîne de nombreux avantages, et son absence peut créer de grands désagréments pour l’organisation : d’un haut taux de roulement à un désengagement de son personnel en passant par des pertes financières. (Consultez notre microsite pour plus de détails.)

Comme le mentionnait M. Côté, les néo-québécois.e.s rencontrent encore plus d’enjeux de conciliation, notamment parce que « leur mari peut aussi avoir des difficultés avec la reconnaissance de son diplôme, tandis que les enfants peuvent avoir de la misère à s’intégrer à l’école ». Pour ce genre de situations, le Service d’aide aux néo-canadiens (SANC) offre plusieurs services pour faciliter l’accueil des néo-canadien.ne.s dans la région.

Qui plus est, n’oublions pas les démarches de demande de résidence permanente ou de citoyenneté, qui sont fastidieuses et exigeantes, que ce soit en temps, en argent et même émotivement. Les employeurs se doivent de tenir compte de cette réalité des personnes immigrantes.

Vous souhaitez implanter des mesures de conciliation famille-études-travail-proche aidance dans votre organisation? Le CIME peut vous soutenir dans votre démarche.

CONSEIL 4 : Diversifiez votre main-d’ŒUVRE et favorisez la mixité des équipes

« Les employeurs nous ont confié que lorsqu’ils ont des équipes mixtes, composées d’hommes et de femmes, ils remarquent plus de complémentarité dans la recherche de solutions, dans la résolution de problème et constatent une baisse notable d’accidents de travail […], un climat plus sain, une ambiance plus agréable », exposait Mme Méthot. M. Beauregard a acquiescé et M. Côté a renchérit en ajoutant que les études terrain allaient dans le même sens, en remarquant une plus grande « créativité dans les équipes de travail diversifiée, grâce aux différents points de vue. Même si c’est plus long pour atteindre la maturité du groupe, ça vaut la peine », complète le chercheur. À cet égard, l’employeur a son rôle à jouer pour favoriser la cohésion d’équipe, en fixant des attentes réalistes, par exemple.

Afin d’en savoir plus sur les avantages de la mixité et sur ce que le CIME peut faire pour vous aider dans l’intégration de femmes dans votre organisation, consultez notre page de Services aux employeurs ou notre microsite sur la mixité.

CONSEIL 5 : Actualisez vos pratiques de gestion RH

En cette période de rareté de main-d’œuvre, de nombreuses solutions existent afin d’attirer et de maintenir les employé.e.s au sein de votre organisation. L’intégration de plus de femmes dans votre organisation, l’accompagnement au maintien en emploi, la mixité hommes-femmes dans les équipes de travail et la conciliation famille-travail-études-proche aidance sont trois grandes solutions dont les avantages font l’unanimité. Afin de vous guider dans ces démarches, le CIME offre une pléiade de Services aux employeurs pour les entreprises, organismes, établissements d’enseignement, syndicats ou toute autre organisation. Parmi nos services, vous pouvez aussi compter l’accompagnement pour votre exercice d’équité salariale ainsi que l’analyse différenciée ou l’analyse comparative selon le sexe (ADS/ACS+). De plus, lors de notre projet de groupe de préparation à l’emploi, nous effectuons des visites d’entreprise et nous pouvons vous recommander des stagiaires.

Au CIME, nos conseillères expérimentées en ressources humaines et spécialisées en main-d’œuvre féminine sauront effectuer un diagnostic de votre organisation et analyser vos besoins réels. Par la suite, elles vous accompagneront pour la mise en œuvre d’actions tangibles afin d’atteindre vos objectifs.

Sachez que Sherbrooke Innopole offre aussi divers services de main-d’œuvre (hommes et femmes). Ses services sont adaptés aux entreprises des cinq filières-clés sherbrookoises, afin de répondre à leurs besoins spécifiques. Activités de recrutement, visites d’entreprise, mission de recrutement à l’étranger, etc. sont d’autant de solutions qui peuvent être explorées avec vous.

Crédit photo : Laurie Dugas, Sherbrooke Innopole (photo de vignette : Rawpixel, Unsplash)